le salaire des artistes

[quand c’est bien dit, on peut copier-coller!]

Les artistes en arts visuels: des enfants gâtés… vraiment ?

Avec un revenu brut moyen de 11 000 $ par année, les peintres, sculpteurs, dessinateurs, photographes et autres artistes de toutes les disciplines des arts visuels sont-ils vraiment les «petits chouchous» du système ? Sont-ils vraiment des «profiteurs» et des gens qui vivent «aux dépens des payeurs de taxes» ? La réalité est tout autre et ce genre de préjugés est tout simplement insultant pour tous les artistes, en particulier ceux des arts visuels.

Selon Lise Létourneau, présidente du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec: «Les propos des politiciens conservateurs et des commentateurs de tout acabit, répercutés dans les journaux et sur les ondes, sont de vieux clichés, des balivernes qui prennent pour exemple quelques artistes vedettes.»

Regardons la réalité en face, la crue réalité quotidienne de la plupart des artistes du secteur des arts visuels. D’après l’enquête effectuée par l’Institut national de recherche scientifique (INRS)[1] en 2000, étude qui portait sur plus de 3000 artistes visuels québécois et dont les résultats sont encore d’actualité : « Le quart des artistes retire moins de 1000 $ par année de la pratique des arts visuels; la moitié en retire moins de 3 500 $ (…).» Le revenu brut annuel moyen liés à la pratique des arts visuels est d’environ 11 000 $ et 84% des artistes font moins de 20 000 $ par année, tous revenus confondus. Un pactole… vraiment ? Des «enfants gâtés» ?

Rappelons qu’au Canada, le seuil de faible revenu est de 17 950 $ pour une personne seule. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces artistes ont aussi une famille et des enfants à faire vivre tout en finançant les matériaux nécessaires à la réalisation de leurs œuvres – toiles, brosses, pinceaux, pierre, métal, bois, ordinateurs, logiciels, caméras… De plus, les artistes sont des citoyens «ordinaires» eux aussi et ils paient taxes et impôts comme tout le monde. Alors, dire qu’ils «se plaignent le ventre plein» comme le prétend M. Harper c’est faire insulte à des citoyens honnêtes et mettre en doute l’intelligence des citoyens canadiens et québécois.

Mais comment, dans ces conditions, les artistes en arts visuels survivent-ils?

Certainement pas de ce que les gouvernements leur donnent, comme le prétendent les Stephen Harper, Josée Verner, André Arthur et Myriam Taschereau de ce monde. Sur 3200 artistes sondés en 1999, moins de 18% disaient avoir obtenu une aide financière d’organismes publics (bourses ou autres) et environ 10% avaient reçu des commandes publiques. Rappelons au passage que les sommes accordées par les organismes subventionnaires sont minimales et très occasionnelles. Vivent-ils au crochet de l’État alors ? Eh bien non. Seulement 8% des 3200 artistes sondés disaient avoir reçu des prestations d’aide de dernier recours.

Alors, comment font-ils pour continuer à enrichir nos vies et à nous questionner par leurs tableaux, leurs sculptures, leurs photographies, leurs vidéos d’art, etc.? En se serrant la ceinture et en occupant d’autres emplois, connexes ou non, ou encore en bénéficiant du soutien d’un-e conjoint-e pratiquant une profession mieux rémunérée. On dira que c’est le lot de beaucoup de nos concitoyens mais est-ce normal que ceux par qui la culture arrive et se renouvelle vivent dans de telles conditions?

Et l’on ne parle pas ici seulement de jeunes artistes en début de carrière, on parle aussi d’artistes de haut niveau, des Prix Paul-Émile-Borduas et du Gouverneur général, les plus hautes reconnaissances au Québec et au Canada pour les artistes de ce domaine. Toujours selon Lise Létourneau: «Ça vous fend le cœur de voir des artistes de si haut calibre, célébrés par la critique et couverts d’honneurs, obligés pour survivre d’enseigner à un âge très avancé, ou qui peinent à payer leur épicerie ou leur logement. Combien de nos grands artistes de toutes les générations vivotent ainsi dans des conditions indignes d’une société qui se vante de valoriser sa culture ! C’est honteux !»

En publiant le communiqué d’aujourd’hui, le Regroupement des artistes en arts visuels du Québec veut contribuer à rectifier les perceptions erronées que font circuler certains politiciens et informer le public sur les réalités de la vie d’artiste. Les artistes ne demandent pas la lune, seulement le respect et la juste reconnaissance de leur contribution quotidienne à l’enrichissement collectif. M. Harper, Mme Verner, Mme Taschereau, M. Arthur, prière de mettre vos pendules à l’heure de la réalité.

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Source :
Christian Bédard
Directeur général
Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV)
514-866-7101 # 30
http://www.raav.org/